samedi 30 mars 2013

1639 Crossing the Rhine


On december, the 28th of 1639, Guébriant crosses the Rhine at Bacharach and Oberwesel. Here are, below, his orders (from L'Histoire de Guébriant).


« Le maréchal Baner avait en tête l’archiduc Leopold avec les généraux Piccolomini et Hazfeld, le duc de Longueville tenait les Bavarois en bride.
Ce dernier acheva l’année 1639 par la prise de Berncastel et Castelaum au pays de Hundsruk, par celle du château d’Eversbourg, place forte près de Creutzenac, par le sac de la ville de Trarbach, où 500 Espagnols furent passés au fil de l’épée, et par le soin d’ajouter de nouvelles fortifications à celles qui rendaient considérables les châteaux de Creutzenac et de Binghen. Il commença cette année 1640 par une assemblée qu’il fit de son conseil de guerre, pour savoir où l’armée prendrait ses quartiers d’hiver.
Trois propositions furent faites sur ce sujet. La première de passer la Moselle ; la seconde d’aller prendre Saint-Wandel, Saarbruck, Saint-Avaux et Vaudrevanges pour loger commodément entre Metz et la rivière de Sarre, jusqu’aux nouveaux ordres du Roi ; la troisième de passer le Rhin.
(…) La troisième étant donc la seule qui donnât quelque jour à la subsistance des troupes, on s’y arrêta, et pour en faciliter le succès, le duc de Longueville fit à la même heure partir des espions pour savoir si les Bavarois s’étaient retirés.
Le retour de ses espions l’ayant assuré qu’ils étaient partis pour aller prendre leurs quartiers d’hiver dans le Wurtemberg, mais qu’ils avaient laissé le régiment de cavalerie de Ninek, celui des dragons de Wolf, et quelque infanterie dans Mayence pour la garde des bords du Rhin, il donna le rendez-vous à toutes ses troupes entre Bacharach et Oberwesel, envoya le comte de Guébriant reconnaître les lieux les plus propres à passer, donna l’avant-garde de la cavalerie au colonel Rosen, l’arrière-garde au comte de Nassau, et se rendit sur le soir à Bacharach, où il trouva douze petites barques garnies de très bon bateliers, et sût du comte de Guébriant qu’il y en avait encore huit à Oberwesel.
Ce nombre de bateaux lui semblant suffisant pour donner commencement à son entreprise, il fit embarquer à minuit 150 mousquetaires et 60 piquiers choisis des régiments de Guébriant et Schmidberg, sous la conduite du sieur de Roqueservières, lequel étant au-delà du Rhin, mit tout incontinent ses gens en bataille. Le second qui passa fut le sieur de Chameroy aide-de-camp avec tout le corps du régiment de Guébriant. Le sieur de Charlevois le suivit avec le régiment de Schmidberg. Le comte de Guébriant passa le quatrième à la tête du régiment de Melun, et fut suivi tout incontinent après par celui de Nettancourt, commandé par son Lieutenant-Colonel.
Au même temps que le comte de Guébriant fut passé, il fit attaquer Lorik (Lorch), qui est un grand bourg au-delà du Rhin, où il y avait des dragons de Wolf en garnison. Le bourg n’étant fortifié que de barricades fort simples, les soldats l’abandonnèrent à la vue des nôtres, et se retirèrent dans une tour séparée des bords du Rhin, et forte assez pour les obliger à se bien défendre ; ils tinrent aussi trois jours entiers, pendant lesquels ils repoussèrent courageusement nos efforts, mais ne pouvant plus subsister par faute de vivres et de munitions de guerre, ils se rendirent à discrétion au bout de ce temps. 
(…) Le colonel Rosen surpris le 14 janvier les colonels Neynek et Wolf logés à Wisbaden et aux environs, mais ces ennemis ayant eu vent de sa marche s’étaient retirés au-delà du Mein qu’ils avaient passé sur des pontons, dont ils n’allaient jamais dégarnis.
Le duc de Longueville qui le suivait avec trois régiments français pour faciliter la défaite de ces colonels ennemis, ayant appris leur retraite, changea de marche, et prit le chemin de Limbourg où toute l’armée s’arrêta huit jours entiers pour se rafraîchir. les vivres n’arrivant pas là fort commodément, on s’avança dans le pays du Landgrave de Darmstadt qui se trouva fort étonné de se voir sur les bras de si grandes forces, car il appréhenda qu’on ne se souvint alors de la paix de Prague dont il avait été l’arc-boutant, et celui qui se porta plus ouvertement contre les Suédois ; néanmoins ayant recours à sa souplesse, il envoya un ambassadeur au duc de Longueville, lequel ayant pour ce sujet assemblé tous les colonels de l’armée, conclus par leur avis la cession des hostilités. »
Source : le Mercure Français de 1639 et 1640.

« Le comte de Guébriant  choisit deux endroits commodes à l’embarquement, qui furent Obervezel et Bacharach. Le premier fut le plus facile, car les chevaux traversèrent à nage après qu’un cavalier eut dessellé le sien qu’il conduisit par la bride, suivant l’ordre que le comte de Guébriant avait donné pour l’essai ; si bien qu’en un seul jour passèrent les régiments de Rosen et ses dragons. Ils jetèrent quelques chariots dans le Rhin, n’ayant pas l’intelligence de les démonter pour les charger sur les barques ; mais ayant appris que le comte de Guébriant avait trouvé cet expédient au passage de Bacharach, dont il avait pris la conduite, laissant celle-ci au lieutenant colonel de l’artillerie, ils firent de même et ne laissèrent rien à porter.
Le 28 de décembre à deux heures après minuit, le comte de Guébriant commença son embarquement à Bacharach en attendant l’armée du duc de Longueville, et fit passer premièrement le sieur de Roqueservières sergent de bataille avec 200 hommes de Guébriant et de Schmidberg qui se mirent en bataille auprès de Laurick (Lorch). Après suivit Chamboy aide de camp, avec les corps de Guébriant et de Schmidberg, et le duc étant arrivé pour faire passer le reste, le comte de Guébriant s’embarqua aussi avec le régiment de Melun, pour aller prendre Laurick (Lorch), qui est un grand bourg bien fermé au-delà du Rhin, où 25 dragons de l’ennemi faisaient garde avec des paysans réfugiés.

Passage du Rhin pour mercredi 28 décembre 1639 à la petite pointe du jour (d’après l’ordre écrit donné par le comte de Guébriant)

À Bacharach
40 mousquetaires de Guébriant, avec un capitaine, un lieutenant et quatre sergents.
40 mousquetaires de Schmidberg, avec un capitaine, un lieutenant et quatre sergents.
25 piquiers de Guébriant, avec un capitaine, un enseigne et trois sergents.
25 piquiers de Schmidberg, un capitaine, un enseigne et trois sergents.
Un capitaine et trente chevaux de Rosen. Le tout en une fois si il est possible.
Le régiment de Guébriant.
Le régiment de Schmidberg.
Le régiment de Rosen.
Deux pièces de trois livres, deux caques de poudre, mille balles de mousquets, quatre paquets de mèche, cinquante balles de trois.
(Le régiment de) Melun.
(Le régiment de) Nettancourt.
Deux régiments de cavalerie de la brigade de Rosen.
Les deux pièces de six qui doivent venir de Mesenheim en batterie sur le bord de deça pour favoriser le passage.
Les dragons de Rosen pour la garde du bagage de la brigade.
Les munitions de guerre partiront lundi de Kreuznach avec les régiments de Melun et Nettancourt.
Les pièces de six qui viennent de Mesenheim seront escortées par le régiment Noir, et se rendront jeudi vers Bacharach avec ledit régiment, enverront audit Bacharach, savoir ce qu’ils auront à faire.

À Oberwesel
40 mousquetaires de Forbus avec un capitaine et trois sergents.
30 piquiers de Forbus avec un capitaine, un lieutenant et trois sergents.
50 chevaux avec un capitaine de la brigade de monsieur Rosen, le tout en une fois.
Les régiments Jaune, Rouge et Écossais.
Le reste de deux régiments de cavalerie de la brigade de monsieur Rosen.
Le régiment de Flerschein se rendra sans faillir jeudi au soir à Oberwesel, et maintiendra le poste jusqu’à ce que toute la cavalerie et le bagage soit passé, et pour cet effet sera mardi au soir à Kreuznach.
Le régiment Noir se rendra sans faillir jeudi au soir à Bacharach, et maintiendra le poste jusqu’à ce que toute la cavalerie et bagage soit passé, et pour cet effet sera mardi au soir à Kreuznach.
Le brigade de monsieur le comte de Nassau se rendra jeudi de bonne heure aux quartiers plus proches d’Obervezel et Bacharach, pour passer le jour même s’il est nécessaire, ou le lendemain au plus tard.
Lundi les régiments de Melun et Nettancourt partiront de Kreuznach, pour être de bonne heure mardi au soir à Bacharach, ou autre lieu qui leur sera ordonné : Enverront de bonne heure audit Bacharach aux nouvelles.
Mardi au matin la grosse artillerie partira de Kreuznach, pour être conduite à Bingen, sera escortée jusqu’audit lieu par la cavalerie française.
La cavalerie française partira mardi au matin de son quartier, viendra à Kreuznach, et escortera l’artillerie jusqu’à Bingen. Jeudi se rendra proche Bacharach, enverra devant un officier audit Bacharach, savoir ce qu’elle aura à faire.
Il faut que l’ordre soit demain dimanche à Poppartz (Boppard ?), et qu’il porte d’être sans faillir mardi au soir à Oberwesel.
Faut envoyer demain dimanche les chevaux des vivres à Mesenhein. »

Source : Histoire de Guébriant, de Jean Laboureur (Paris, 1676).

Le colonel Rosen.

samedi 23 mars 2013

Battle of Wittenweier (3) 1638


And last, two other accounts of the battle of Wittenweier (from Ramsay's Turenne and Richelieu's memories :

Enfin, deux autres petites relations de la bataille de Wittenweier d'après l'Histoire de Turenne de Ramsay et les Mémoires de Richelieu : 

« La victoire de Rhinfeld mit le duc Bernard en état de bloquer Brisach. (…) Enfin le duc Bernard commença le siège de Brisach au mois d’avril (1638).
Le cardinal de Richelieu envoya deux renforts à ce Prince (le duc de Weimar), sous la conduite du vicomte de Turenne et du comte de Guébriant, comme lieutenants-généraux, grade qui commença dès lors seulement à être connu en France. (…) Le général Goetz et le duc Savelli assemblèrent une armée sur les bords du Danube, s’approchèrent de Brisach, firent diverses marches autour de la ville, et par deux fois trouvèrent moyen d’y jeter quelques vivres. Pour empêcher de pareils secours dans la suite, le duc Bernard prit la résolution d’aller attaquer l’armée ennemie : il sortit de ses lignes avec les deux tiers de la sienne qui n’était que de 16 000 hommes ; le général Goetz en avait 20 0001. Weimar n’eut pas marché deux heures par des chemins couverts et très étroits qu’il rencontra les ennemis dans la plaine de Wittenweir : il s’y mit en bataille : après quelques décharges d’artillerie de part et d’autre, les deux armées s’ébranlèrent et se choquèrent avec furie. l’aile droite impériale fut renversée dans un ravin qui était derrière elle, et mise en déroute sans pouvoir se rallier : le duc Savelli qui la commandait fut pris avec 7 pièces de canon. L’aile droite de Weimar, qui se trouva dans un terrain très désavantageux, fut rompue : Goetz qui était posté sur une hauteur allait la prendre en flanc et le vicomte de Turenne qui la commandait courait risque d’être enveloppé, si le duc de Weimar ne fût venu à son secours : ce prince fondit sur Goetz, qui demeura ferme sur l’éminence qu’il occupait. Il eut été difficile de l’en déloger de force, on eut recours à un stratagème : le comte de Guébriant conseilla d’envoyer dans la forêt voisine quelques cavaliers avec des tambours et des trompettes. Au bruit que firent ces instruments, les Impériaux croyant qu’on venait les attaquer par derrière, quittèrent la hauteur où ils étaient : les troupes de Weimar s’en saisirent, et prirent en même temps le canon des Impériaux à l’aile gauche ; dans la chaleur et dans la confusion, les Impériaux prirent aussi celui des confédérés à l’aile droite, et de part et d’autre on se servit de l’artillerie ennemie pour se canonner. Après sept heures de combat, où toutes les troupes allèrent plusieurs fois à la charge, les Impériaux furent mis en fuite, et cédèrent au duc Bernard une victoire complète dont le comte de Guébriant et le vicomte de Turenne partagèrent la gloire. Goetz se sauva, et perdit dans ce combat tout son canon, ses munitions, 3000 chariots, 5000 sacs de blé et tout son bagage. Il resta 2000 impériaux sur place, on fit 1500 prisonniers, et l’on prit 45 étendards et tous les drapeaux. » 
(Source : Histoire du vicomte de Turenne)
(1) En réalité plutôt 18 000.

« Cette lettre n’a autre fin que de vous donner avis d’une signalée victoire que monsieur de Weimar a obtenue sur les deux armées de Goetz et Savelli, où il a remporté 80 tant drapeaux que cornettes, 11 pièces de canon, tout le bagage, 6000 sacs de blés et 40 milliers de poudre, qu’ils voulaient jeter dans Brisach. le combat a duré depuis une heure après midi jusqu’à 10 heures du soir. Il est demeuré 3000 hommes sur place, dont monsieur de Weimar en a perdu 4 ou 500 cents. C’est monsieur de Weimar qui a attaqué les ennemis, après les avoir cherchés deux jours entiers. Tubal (Taupadel) et Vernancourt seuls ont été emmenés prisonniers, poursuivant trop chaudement les ennemis, entre lesquels ils se trouvèrent seuls trop avancés. Monsieur de Weimar a plus de 800 prisonniers. » 
(Source : Lettre du cardinal de Richelieu aux Maréchaux de la Force et Châtillon le 21 août 1638)

« Le Roi lui envoya (au duc de Weimar), pour renforcer son armée, le sieur de Guébriant avec 4000 hommes de pied qui le joignirent. (…)
Sa Majesté lui envoya, à la fin de juin, le vicomte de Turenne avec un corps assez considérable, composé pour la plus grande partie de Liégeois qu’il avait levé à Liège. Car Sa Majesté voulant rendre ses armées plus puissantes, (…) enviya dès la fin de l’année précédente (1637) le sieur d’Aigueberre, aide de ses camps et armées, à Liège pour y faire la levée de 26 cornettes de chevau-légers, 10 de mousquetaires à cheval, toutes de 100 hommes chacune, et de 40 compagnies d’infanterie de 150 hommes chacune, pour faire 6000 hommes de pied et 3600 chevaux, et envoyer la cavalerie par terre en France   , et l’infanterie par mer par voie de Hollande. (…)  Mais à peine une partie desdites troupes arrivées à leurs quartiers, que Piccolomini les vint attaquer, la nuit du 18 mars, dans leur quartier, où elles n’étaient que depuis un jour. (…)
Le vicomte de Turenne, que Sa Majesté y envoyait pour les commander et conduire en France lorsqu’elles seraient en état de marcher, y arriva incontinent après qu’elles eu reçu cet échec, et fit faire la revue de ce qui restait, qu’il ramena au commencement de mai en France, avec ceux qui furent encore levés depuis, qui tous ne montèrent que jusqu’à 3000 hommes. (…) Sa Majesté les fit passer devers le duc de Weimar.
Goetz et Savelli s’étant joints ensemble pour tenter encore le secours, et escortant, avec toute leur armée le long du Rhin, des bateaux chargés de blé qu’ils voulaient conduire dans Brisach, Weimar les alla attaquer lui-même près de Wiltzenheim, et après un combat de huit heures, opiniâtreté de part et d’autre, demeura maître des deux champs de bataille, du canon, vivres, munitions et de la plus grande part du bagage des ennemis. » 
(Source : Mémoires de Richelieu)


 Bernard de Saxe-Weimar

Jean-Baptiste Budes comte de  Guébriant 


mardi 19 mars 2013

Battle of Wittenweier (2) 1638


Voilà une nouvelle relation de la bataille, extraite de l'Histoire de Guébriant :
Here is a new account of the battle, from the Histoire de Guébriant :

« Le duc de Weimar quitta Kenzingen (…) ; il trouva le comte de Guébriant en armes au point du jour tout prêt à marcher avec lui contre les ennemis qui gagnaient toujours chemin pour éviter le combat. Toutefois Goetz s’était vanté que nous ne l’osions attaquer, nous le découvrîmes après une heure de marche, aussitôt il chercha un lieu avantageux pour poster son armée, et gagna le haut d’une montagne, qui était au-delà d’une petite rivière qui faisait un marais entre lui et nos gens. Il s’aida encore d’un village assis dans le pied de la montagne, dont l’église était forte et quelques maisons de défense, pour empêcher les approches de son camp. Il mit son canon en batterie et fit toutes les contenances d’un homme résolu au combat ; mais c’était témoigner en effet n’en avoir pas beaucoup d’envie, que de chercher tant d’avantages, et de ne nous pas attendre dans la plaine où nous ne les pouvions attaquer à forces égales ; puisqu’il avait 18 000 hommes, et nous 14 000 seulement.
C’était assez pour ce jour d’avoir contraint l’ennemi à chercher un lieu de sûreté, que nous ne pouvions approcher, il lui fallut donner le loisir de déloger pour le rejoindre autre part, et pour cela l’on partit à midi pour se retirer à Molberg, où le comte de Guébriant qui était en son jour de commander l’arrière-garde, arriva sur les quatres heures du soir en si bon ordre, qu’il ne perdit pas un seul homme, aucun des Impériaux n’ayant osé désemparer pour nous donner en queue.
Le lendemain nos coureurs rapportent nouvelles de leur délogement et dès l’heure le duc de Weimar fit monter à cheval les régiments d’Ohm, Rosen, Nassau et Podebus (Potbus), pour aller en toute diligence à la découverte des ennemis vers le Rhin, et marcha après avec le reste de l’armée. Le comte de Guébriant qui conduisait l’arrière-garde la disposa de 5 bataillons d’infanterie, au milieu de 14 régiments (escadrons) de cavalerie, 7 à droite et 7 à gauche pour la première ligne. Le vicomte de Turenne menait la seconde ligne composée de 8 escadrons de cavalerie et de 3 bataillons d’infanterie. Le corps de bataille n’était que de 2 escadrons d’Ohem (Ohm) seulement. En cet ordre ils marchèrent deux heures par des chemins couverts jusqu’en la plaine de Werthenwiel, où ils surprirent l’ennemi, qui n’eut que le loisir de se préparer au combat.
Le duc de Weimar donna l’aile droite au comte de Guébriant et prit la gauche pour lui. Le canon avancé de part et d’autre fit grand escarre contre les bataillons ; mais ils n’en furent pas moins ferme, et la mêlée étant commencée, les nôtres y entrèrent avec tant d’ardeur et d’obstination sous la conduite du Duc et du comte de Guébriant, qu’ils enfoncèrent l’avant-garde impériale de droite et de gauche, et la renversèrent dans le fossé qu’elle avait derrière soi. Le duc Savelli qui la commandait fut mis en déroute sans se pouvoir rallier, et 7 pièces de canon prises, 2 desquelles étaient des 24 livres de balles.
Notre arrière-garde n’eut pas d’abord le même succès, elle reçu esclandre aux premières approches, nonobstant la brave résistance du vicomte de Turenne qui la commandait, et du général major Taupadel, qui fut fait prisonnier après avoir trois fois repoussé son régiment. Le vicomte de Turenne fut en pareil dangers, mais l’arrivée du duc de Weimar et du comte de Guébriant sauva le reste des siens, et lui apporta sa part de leur bonne fortune. Ils vinrent fondre sur Goetz après avoir taillé en pièce  tout ce qui restait de l’avant-garde du duc Savelli, et leur présence et leur exemple donnant de nouvelles forces à nos soldats, ils les suivirent au milieu des plus épais bataillons de l’ennemi, qui de son côté fit tout le devoir possible pour conserver son premier avantage de ce côté-là, et demeura si ferme sur l’éminence de laquelle il combattait, que le duc et le comte jugèrent bien qu’il serait mal-aisé de l’en déloger de force sans grande perte et sans hasard puisqu’ils eurent recours aux stratagèmes.
Le comte de Guébriant lui fit trouver bon celui-ci, d’envoyer dans la forêt prochaine nombre de cavaliers avec des tambours et des trompettes. Ce conseil eut l’effet qu’il s’en était promis, car les ennemis quittant peu à peu leur tertre pour tourner du côté du bruit, les nôtres s’en saisirent, comme aussi quelques pièces d’artillerie, mais avec tant de précipitation, qu’ils ne s’aperçurent pas qu’en même temps les Impériaux se trouvèrent maître de canon. Ce balancement d’avantage donna de nouvelles ardeurs à l’un et à l’autre parti, nos ennemis qui avaient peu auparavant fait tous les efforts pour démonter notre artillerie, furent bien aises d’avoir manqué leur dessein pour s’en servir contre nous-mêmes, qui les battions avec les boulets d’Autriche et de Bavière de dessus leur propre éminence, d’où nous les chassâmes à pied. Enfin le jour finissant, leur ardeur se ralentit avec le soleil, la cavalerie plia, l’infanterie fut aussitôt rompue entièrement, et toute l’armée entière mise en déroute, chacun cherchant son salut dans le plus épais du bois où ils furent poursuivis, tant que le jour permit aux nôtres de les découvrir dans cette obscurité, que la nuit aida encore de ses ténèbres pour les dérober à la chaude poursuite des nôtres.
La bataille dura sept heures entières, et le plus grand effort se fit contre Goetz, qui se pût longtemps flatter de l’espérance de l’emporter, non seulement sur notre arrière-garde, qu’il avait accablée avec de plus grandes forces, mais contre toute notre armée, qui fut trois fois à la charge sans grand progrès, avant l’invention du stratagème du comte de Guébriant. Nous y perdîmes 900 hommes et plusieurs des nôtres remportèrent des marques honorables de leur devoir. Les plus signalés des blessés furent le comte de Nassau et le colonel Rotenhan. Le duc de Weimar et le comte de Guébriant firent merveille, tant à la conduite de l’avant-garde contre Savelli qu’ils défirent d’abord, qu’au retour pour le secours de l’arrière-garde contre Goetz, ou le vicomte de Turenne courut tous les dangers de la guerre avec le général-major Taupadel, dans la généreuse résolution de vaincre ou de mourrir. Du côté des ennemis il y eut perte de 4400 morts sur le champ, et entre eux plusieurs officiers, l’on fit 1300 prisonniers, et les deux camps de Goetz et Savelli nous demeurèrent avec 11 pièces de canons, 2 mortiers, 45 cornettes, 38 drapeaux, près de 3000 chariots, tout le bagage et les munitions, et avec cela 5500 sacs de blé qu’ils avaient ramassés avec beaucoup de peine pour jeter dans Brisach, voiture funeste pour eux, qui nous donna une victoire très importante, et d’autant plus signalée, que nous les attaquâmes avec un tiers moins de leurs forces, et en cela plus glorieuse, qu’elle eut une suite très fortunée.
Le duc de Weimar ne se priva point de la gloire que cette victoire lui acquit, encore qu’il en donnât l’honneur au comte de Guébriant. Il l’embrasse devant toute l’armée, il le loua hautement des grands devoirs qu’il avait rendu en cette occasion. » 
(Source : Histoire du Maréchal de Guébriant)


Ci-dessus : carte réalisée d'après / map according to Mercure Français, Theatrum Europaeum, Heilmann, Guthrie.

L’armée bavaroise et impériale à Wittenweier



Götz avait autour de 12 000 bavarois (à peu près 6800 fantassins et 5200 cavaliers) et Savelli lui a apporté 4000 impériaux (2000 fantassins et 2000 cavaliers).
Après avoir partagé l’armée, l’avant-garde de Savelli compte 8200 hommes et l’arrière-garde de Götz 8000 hommes.

1- L’avant-garde de Savelli (4200 fantassins et 4000 cavaliers) :
Troupes impériales de l’avant-garde : régiment d’infanterie Waldstein (Wallestein), deux compagnies de Caretto, une compagnie d’Hindersheim (Henderson ?), 5 compagnies d’Enkenvoirt (Enkefort ?), recrues de Bourgogne, Lamboy (cuirassiers), Metternich (cuirassiers), Schönsal (Seneschal ? cuirassiers), Weyer (cuirassiers), Sperreuter (cuirassiers), dragons de Crazische (Kratz), dragons de Gallas, recrues de Wevin et Ricola.
Troupes bavaroises de l’avant-garde : régiments de cavalerie de Meissinger, Limpach (Limbach), Wartenberg, Neu-Wert, Neuneck et régiments d’infanterie Stefan Albert, de Buich (de Puech ?) et Schnetter.
L’artillerie de Savelli compte 3 faucons et 2 demi-canons (de 24 livres).

2- L’arrière-garde de Götz (4600 fantassins et 3400 cavaliers) :
Régiments d’infanterie bavarois Reinach, Götz, Edlinstetten, Hasslang et Metternich.
Régiments de cuirassiers  Götz, Horst, Gayling, et Kolb ; régiments d’arquebusiers Alt-Wert et Truckmüller.
Les régiments Harthausen, Metternich, Vehlen et Redetti n’ayant ensemble pas plus de 150 chevaux.
Artillerie et train : 8 demi-canons, 4 demi-couleuvrines, 15 faucons et fauconneaux, 3 mortiers.

Source : Heilmann - Kriegsgeschichte von Bayern Franken et W. P. Guthrie.

lundi 18 mars 2013

Battle of Wittenweier, 9 of august, 1638

La bataille de Wittenweier réunit un des plus grands généraux allemands (Bernard de Saxe-Weimar), et deux des plus grands généraux français de la guerre de Trente ans (Guébriant et Turenne).
L'armée franco-weimarienne de Bernard, Guébriant et Turenne affronte l'armée Bavaroise et Impériale de Götz et Savelli sur les bords du Rhin.

The Battle of Wittenweier meets one of the largest German generals (Bernard of Saxe-Weimar), and two of the greatest French generals of the Thirty Years War (Guébriant and Turenne).

The Franco-Weimarian army of Bernard and Turenne Guébriant faces the Bavarian army and Imperial Götz and Savelli on the Rhine.

« Il y avait longtemps que le duc de Weimar cherchait l’occasion pour attirer le général Goetz en campagne, et de le voir en état de combattre. Il apprit dans Fribourg le 5 août que ce général était résolu de faire entrer grande quantité de vivres dans Brisach, tant par terre que par bateaux, et qu’à cet effet le duc de Savelli l’avait joint avec 2000 chevaux et 2000 hommes de pied. Ce qui l’obligea de venir camper près de Kenzingen, à six lieues de Fribourg, moitié chemin d’Ossembourg à Brisach, et de joindre aussi à son armée les troupes françaises du comte de Guébriant et celles du vicomte de Turenne, qui consistaient en 1400 hommes de pied et 4 ou 500 chevaux. Et suivant le dessein qu’il avait sur cette place de Kenzingen, qu’il était allé reconnaître dès le 7, il donna l’ordre en même temps au comte de Guébriant de s’avancer avec une grande partie de l’armée, et se saisir du poste de Molberg. Étant donc à cheval avec six régiments de cavalerie commandés par le général Dubatel (Taupadel) et 2000 hommes de pied, pour reconnaître encore plus la place, et ordonner les lieux par où elle devait être attaquée, il reçu avis que l’armée ennemie devait le lendemain arriver près du Rhin, et finalement que toutes les troupes de cavalerie et infanterie étaient à Schuteren, qui n’est quà une lieue et demi de Molberg. Après avoir un peu reposé à Kenzingen, il en partit sur la nuit, et fit avertir le vicomte de Turenne de tenir toutes choses prêtes pour marcher vers Molberg où il fut le lendemain au point du jour, et y trouva les troupes du comte Guébriant toutes disposées, de sorte qu’en même temps il marcha contre les ennemis en bel ordre de bataille.
Les ennemis ayant été découverts par notre avant-garde commandée alors par le vicomte de Turenne, gagnèrent le haut d’une montagne qui était au-delà d’une petite rivière, et avaient aussi devant eux un village assis au pied de la montagne, où étaient une forte église, et quelques maisons de défense, avec les avenues qui se trouvaient avantageuses pour eux, de sorte qu’ils mirent en batterie leurs canons, qui consistaient en onze pièces, les unes de 24 livres de balle, et les moindre de 6 livres. Ils prétendaient par ce moyen d’éloigner les nôtres, et d’empêcher le duc de Weimar de se mettre en bataille si proche d’eux. Ce qui témoignait qu’ils n’avaient pas grande envie de combattre. mais les nôtres étaient en impatience d’en venir aux mains. De fait quelques Français ayant été commandés de reconnaître les avenues, poussèrent si avant, que s’étant exposés au canon des ennemis, 100 ou 120 demeurèrent sur la place. Le duc de Weimar voyant que les ennemis s’étaient mis en lieu de sûreté, et qu’il ne lui était pas possible de les en déloger, après avoir répondu de son canon, qu’il avait mis en batterie sur une montagne opposée à celle que les ennemis avaient occupée, pensa désormais à la retraite, qu’il fit en bon ordre, et reprit son premier poste à Molberg, où l’arrière-garde conduite alors par le comte de Guébriant arriva sur les quatre heures du soir.
L’ennemi partit de ce poste dès la pointe du jour, et le duc de Weimar l’ayant crû de la sorte, bien que les rapports qu’on lui  en faisait fussent différents, avait commandé que chacun pensât à se rafraîchir, pour être prêt au premier commandement, tellement que le 9 août il envoya vers le Rhin les régiments d’Ohm, rosen, Nassau et Podebus (Potbus), et ne tarda guère à les suivre.
La marche de son armée était en cet ordre. L’avant-garde commandée par le comte de Guébriant était composée de 5 bataillons d’infanterie au milieu de 14 escadrons de cavalerie, savoir 7 à sa droite et autant à sa gauche. le régiment de Dubatel (Taupadel) composait les deux premiers et plus avancés escadrons de la droite. À leur gauche étaient deux escadrons de Schen (Schon), et à la gauche ceux de ceux-ci deux autres de Calembach (Caldenbach), fermés par un escadron de Retachau (Rotenhan), qui avait à sa gauche l’infanterie, savoir le régiment de Rebé, et à la gauche de celui-ci le régiment de Boyon (Bovyon), puis ceux de Vandy et Sauveboeuf, celui de Sinot fermé par celui de Schomberg, qui avait à sa gauche 2 escadrons de Podebus (Potbus), ceux-ci trois de Rose (Rosen), fermés par deux de Nassau. Tout cela ne composait que la première ligne.
Sur la seconde étaient, pour l’arrière-garde commandée par le vicomte de Turenne, 8 escadrons de cavalerie, et au milieu d’eux, 3 bataillons d’infanterie. Le premier de ces escadrons était Kanofski (Kanoffsky), les trois de sa gauche ceux de Schmidberg, et à la gauche de ceux-ci le régiment de gens de pied de Vernancourt, et à la gauche de de celui-ci le régiment de Forbus, qui avait les Liégeois à la sienne, et ceux-là avaient encore à leur gauche 3 escadrons fermés par celui de Wittersheim.
Le corps de bataille était composé de deux escadrons d’Ohem (Ohm), et le tout faisait 24 escadrons de cavalerie et 8 bataillons d’infanterie, outre les troupes de réserve commandées par Canofsi (Kanoffsky).
Les impériaux combattirent pour leur part avec 24 escadrons de cavalerie et 11 bataillons d’infanterie, qui étaient les uns et les autres plus forts que les nôtres de 3 à 4000 hommes.
Notre armée marcha durant deux heures en des chemins couverts, et en bon ordre ; après quoi elle fit rencontre de l’avant-garde de l’ennemi. le duc de Weimar avait déjà pris l’aile gauche à conduire laissant la droite au comte de Guébriant, auquel il demanda de détacher les enfants perdus, et de mettre l’avant-garde en bataille. On fit jouer le canon de  part et d’autre, qui donnait dans les escadrons et bataillons opposés. Ensuite de quoi commença la mêlée à une heure après midi, et l’avant-garde de l’ennemi fut rompue au premier choc de droite et de gauche, ayant été renversée dans un grand fossé qu’elle avait derrière soi, elle y laissa 7 pièces de canon, deux desquelles étaient de 24 livres de balle, et le duc Savelli, qui la commandait, ne tint pas plus ferme que les autres, mais courut grande fortune d’être pris pour une troisième fois, et fut ensuite blessé de deux coups de pistolet dans les reins.
L’arrière-garde des ennemis, commandée par le général Goetz, témoigna beaucoup plus de courage et de valeur, elle traversa toute la forêt, et surmontant l'âpreté des chemins, vint rencontrer les nôtres par le côté ou Dubatel (Taupadel) et Schem (Schon), qui avaient changé leur ordre et pris rang dans l’arrière-garde, furent contraints de plier, Dubatel (Taupadel) combattant vaillamment, après avoir rompu les régiments de Goetz par trois fois, fut fait prisonnier. Le vicomte de Turenne, se mêlant l’épée au poing parmi les ennemis, ne laissait pas de donner les ordres par tous les rangs des siens, dont était le régiment de Vernancourt, qui fut défait, et le colonel pris pas ses ennemis, au pouvoir desquels demeurèrent quelques canons des nôtres, jusqu’à ce que le duc de Weimar ayant tourné tête de ce côté-là, avec le comte de Guébriant, le colonel Schomberg  et aucuns des plus résolus qui se trouvèrent près de lui, fondit sur cette arrière-garde.
Ce fut lors que le combat fut opiniâtreté plus que devant, et la victoire demeura incertaine pendant cinq heures parmi les bons succès des uns et des autres. Tous nos escadrons, voire l’armée entière, furent plusieurs fois à la charge. L’infanterie qui eut l’honneur d’être commandée par le duc de Weimar en personne, témoigna une grande fermeté, et les plus tardifs des mousquetaires y firent leur décharge six ou sept fois, le combat ayant duré jusqu’à la nuit, qui donna moyen aux ennemis de se retirer, après avoir perdu leur champ de bataille, comme ils avaient abandonné leur poste à la première rencontre des nôtres.
Après la bonne conduite et le courage du duc de Weimar, qui assembla plusieurs fois les cavaliers, les mena à la charge, et la digne assistance du vicomte de Turenne et du comte de Guébriant, presque tous les officiers de l’armée, Français et Allemands, rapportèrent sur eux, ou sur leurs chevaux marques honorables du service qu’ils avaient rendu.
Les ennemis y perdirent près de 2000 hommes morts sur place, où étaient plusieurs chefs et officiers, outre quantité de blessés, 1200 ou 1500 prisonniers, parmi lesquels on a compté près de 200 officiers, hauts ou bas. Toute leur artillerie consistant en 11 pièces, tant grosses que petites, avec deux gros mortiers, le bagage, 5500 sacs de blé, quarante milliers de poudre, et 84 cornettes ou drapeaux, dont les devises principales se voient en l’Extraordinaire du 23 septembre, avec 2 ou 3000 chariots, demeurèrent au pouvoir du vainqueur. (…)
Le duc de Weimar après avoir été deux jours sur le champs de bataille, près Wittenweier, en partit le 11 août, et ne perdit que 500 soldats, ou cavaliers, avec quelques officiers, entre autres le colonel Sinot Irlandais. Le comte Guillaume Otho de Nassau, et les colonels Rose (Rosen) et Rotenhan furent fort blessés. Il y eut fort peu de prisonniers de sa part, les seuls considérables desquels furent le général major Dubatel (Taupadel) et son maréchal des logis. Il y perdit aussi pendant la mêlée avec Goetz combattant avec l’arrière-garde, 8 cornettes et 14 drapeaux. Après la bataille, le colonel Ohm Suédois, avec quelques escadrons de cavalerie, se mit à poursuivre les fuyards, et le duc de Weimar avec son infanterie et 4 escadrons de cavalerie se présenta devant Kenzingen.  » 
(Source : Mercure Français de 1638)


Les contingents du comte de Guébriant et du vicomte de Turenne :

État des troupes que le Roy fait passer présentement en Allemagne, sous le commandement du sieur de Guébriant Maréchal de Camp, pour fortifier l’armée de Monsieur le Duc de Weimar, le 13 mars 1638.



Le régiment de Vandy de 20 compagnies sans comprendre les recrues         700 hommes
Le régiment de Rébé aussi de 20 compagnies, sans comprendre les recrues 700
Celui du sieur de Sauvebeuf Maréchal de Camp                         600
Celui de Cargret de 12 compagnies                         600
Celui du colonel Schmidberg, composé de 15 compagnies      1200
Les nouvelles levées dudit sieur Schmidberg              1000
Le régiment de Sinot Irlandais                                300
Des troupes qui sont en Alsace                        300
Total desdites troupes                                     5400 hommes

Les régiments amenés par le vicomte de Turenne sont les régiments de Bovyon et de Vernancourt composés de 1500 hommes de pied et 800 chevaux liégeois. Mais ils seront moins de 1400 hommes de pied et moins de 500 chevaux le jour de la bataille.


Ci-dessous : représentation de la bataille de Wittenweier selon le Theatrum Europaeum. L'ordre de bataille franco-weimarien est faux, le graveur n'ayant représenté que les troupes weimariennes.

Below : drawing of the battle of Wittenweier according to the Theatrum Europaeum. The order of battle of the franco-Weimarian army is false, the engraver having represented only the weimarian troops.



dimanche 10 mars 2013

Bernard von Saxe-Weimar cavalry, july 1635



Liste de la cavalerie du Duc Bernard de Saxe Weimar, le 12 juillet 1635.
(Source : Gazette extraordinaire n°102 du 26 juillet 1635)

Ayant été le 12 de ce mois compté plus de huit mille chevaux effectifs du Duc de Weimar, en voici la liste que le Vicomte de Roussille a apporté.

Le seigneur de Bouillon colonel du régiment de son Altesse de Saxe-Weimar, à 6 cornettes faisant 600 chevaux.
Le Rhingrave, lieutenant-général de la cavalerie, 12 cornettes faisant 800 chevaux.
Doubald colonel (Taupadel ?), 5 cornettes faisant 300 chevaux.
Le Landgrave Jean de Darmstadt, 7 cornettes faisant 600 chevaux.
Plato, 8 cornettes faisant 400 chevaux.
Canofsky (Kanoffsky), 8 cornettes faisant 500 chevaux.
Ossiect, 7 cornettes faisant 500 chevaux.
Oem (Ohm), 8 cornettes faisant 600 chevaux.
Pekerman, 7 cornettes faisant 300 chevaux.
Rose (Rosen), 4 cornettes faisant 200 chevaux.
Wrangel, 4 cornettes faisant 250 chevaux.
Brink (Brinck), 8 cornettes faisant 400 chevaux.
Stenaker, 4 cornettes faisant 200 chevaux.
Obr. Wachtmeister, 5 cornettes faisant 350 chevaux.
Horn, 8 cornettes faisant 400 chevaux.
Forbur (Forbus), 7 cornettes faisant 450 chevaux.
Calembach, 7 cornettes faisant 300 chevaux.
Bodendorf, 7 cornettes faisant 350 chevaux.
Et trois autres colonels faisant 850 chevaux.
Somme : 8350 chevaux.

Son infanterie est en garnison dans Mayence, Francfort, Frankendal, Caseloutre, le château d’Heidelberg, Manheim et autres places du bas Palatinat, ne s’étant réservé que les régiments d’un des Batilly, du duc de Wurtemberg et du colonel Limbach, faisant 3 à 4000 hommes. C’est l’une des plus vieilles milices d’Allemagne, laquelle jointe aux 10 à 12 000 Allemands du sieur de Feuquières et à la puissante armée du Cardinal de la Valette, fera plus de la moitié de la peur au général Galas.


Bernard de Saxe-Weimar (1604)

samedi 9 mars 2013

Le maréchal Horn en pays Souabe, janvier et février 1634 - Horn in Swabia



Particularités de l'exploit du Maréchal Horn en la haute Souabe
(Source : la Gazette de France de janvier 1634)

Le Maréchal Horn partit de Lavingen le 18 janvier en intention de faire hiverner ses troupes en la haute Souabe pour décharger d'autant les États confédérés, et prit sa route vers Biberac. Mais le grand froid ayant mis ses gens hors d'état de combattre, et sur l'avis que le Colonel Werth avait passé le Lech à Shongau, et était entré dans cette haute Souabe avec 40 cornettes et quelques dragons, il distribua son infanterie autour de Riedlingen sur le Danube, et avec sa cavalerie prit le 25 du même mois sa route vers Ravensbourg, pour voir s'il ne pourrait point surprendre quelques troupes ennemies de celles qui venaient de Bavière et le tenaient en échec, et se loger ensuite sans contestation. Suivant la pointe de ce dessein il se rend le même jour 25 à Waldesec où il apprend que les maréchaux des logis de Gronsfeld avaient couché cette nuit-là à Reutta, et y avaient dessiné leurs quartiers. Il y va, tue une partie, et fait le reste prisonniers, qui lui donnent à entendre que 6 régiments d'Allemands, et 2 de Croates, avec le régiment du colonel Vizthum, étaient logés dans les villes d'Uberlingen, Ravensbourg, Leutkirke, Isny et Wanghen. Il envoie donc les colonels Plato et Crazenstein, chacun avec son régiment, de Reutta à Ravensbourg, dont ils bouchèrent si bien les portes à un des régiments impériaux qui y étaient, que tout le régiment y fut presque tué à la réserve du colonel Kesseler qui le commandait, du comte de Zil, et des officiers de cette cavalerie, qui furent faits prisonniers. Lui, alla cependant contre un autre régiment à Valdesec, d'où il dépécha le colonel Kanoski vers Wanghen, où était logé l'un des régiments des Croates, commandé par le colonel Plaskonis ; et encore envoya de là son général major Rostein vers Leutkirke pour surprendre le régiment du colonel Konig, avec ordre de se joindre tous contre le colonel Vizthum auprès d'Isny. Tout succéda fort heureusement excepté l'entreprise du major Rostein qui ne pût arriver assez à temps, les ennemis ayant déjà gagné le devant. Toutefois, il les poursuivit jusqu'à Kempten, fit par le chemin plusieurs des ennemis prisonniers, et en tua 30. Et bien que 3 de ces régiments à cheval ayant été défaits, et les autres mis en fuite, si est-ce qu'ils n'y ont perdu pas une cornette, car ils les avaient laissées à Lindau.


Gustaf Horn (1592-1657)


Jean de Werth / Johann von Werth (1595-1652)


Carte de Suebia (Souabe) en 1572


De Saint-Gal, le 8 février 1634.
La prise que le général Horn a faite de 7 places voisines sur les Impériaux, et la défaite des 3 régiments, étonne fort la ville de Lindau, à 6 lieues de laquelle il y a 12 000 fantassins et 7 000 chevaux.

De Bâle, le 11 février 1634.
Depuis le départ du duc de Lorraine de ces quartiers, on tient qu'il a transporté à l'Empereur ses troupes, qui étaient de 800 chevaux et 400 mousquetaires.

Du 1er au 11 février 1634
Le général Horn ayant eu avis que le duc de Lorraine avait passé le Rhin pour se joindre aux troupes Impériales qui sont à Bregenz, Memingue, Kempten, Uberlingen et Constance, a fait sortir ses gens de leurs garnisons pour s'y opposer. En passant il a sommé par deux fois inutilement la ville de Lindau, a fortifié celle de Tennaguen, et mis en contribution toutes les petites vilels qui sont entre Wasserbourg et Mersbourg. Les 4 seigneuries de Bregens, Feldkirchen, Bladis et Cladis s'étant jointes pour leur commune défense ont armé dix mille de leurs habitants.

De Saint-Gal, le 13 février 1634.
Les Suédois ont mis presque tout le pays de Souabe et la côte du lac de Constance sous contribution. Le comte de Knizeg s'y est aussi mis volontairement. Les villes de Lindau, Bregenz et Uberlingen sont comme bloquées, pas un habitant n'en osant sortir sans courir fortune d'être pris. 150 cavaliers suédois ont naguères fait des courses jusqu'aux portes de Lindau, où ils ont pris tout ce qu'ils ont trouvé en chemin, pillé Melspourg et Almesweil, et brûlé trois villages autour de Bregenz. Le général Horn traite maintenant avec le colonel Vizthum, gouverneur de Lindau, pour la liberté du commerce.

De Saint-Gal, le 20 février 1634.
Le général Horn ayant su que le duc de Lorraine était venu jusqu'aux villes frontières avec 7 à 800 chevaux et 400 dragons, fit mine de le vouloir combattre ; mais là la nécessité ayant fait prendre au duc résolution de lui faire tête, le général Horn, ne se sentant pas assez fort, se retira aux environs de Zel, d'où il manda 2000 cuirasses, 1000 mousquetaires à cheval et 1000 fantassins, ce que sachant le duc de Lorraine tourna tête vers la France-Comté, si à propos, que s'il eut demeuré encore un jour en son premier poste, la perte semblait inévitable.

De Bâle, le 24 février 1634.
Les troupes du général Horn sont venues jusqu'à Stokem, proche de Shaffouze, qu'elles ont pris, avec celui qui y commandait pour l'Empereur, et ont sommé Constance. Son armée composée de 70 compagnies de cavalerie et 6000 fantassins (auxquels se viennent joindre par le duché de Wurtemberg, les troupes qui ont été au siège de Philipsbourg) tient tout le lac de Constance en sujétion. Les impériaux ayant retirés à Lindau tous les bateaux de ce lac, les Suédois en ont surpris trois.

vendredi 8 mars 2013

Les Gardes françaises à Nancy, janvier 1632


Du camp de Vic le 7 dudit mois de janvier 1632

Hier en présence du Duc de Lorraine sa Majesté fit faire hors cette ville, l'exercice à huit cents hommes du régiment des Gardes, où vous pouvez bien juger de quelle allégresse, tant capitaines que soldats obéissaient à un tel chef, et se rendaient souples à ses commandements. mais vous n'entendrez pas sans merveille un augure qui survint en cette action si célèbre. C'est qu'un chat sauvage d'une étrange grosseur, au lieu de fuir la rencontre des personnes, l'éclat des armes, et le bruit des fifres et des tambours, selon la coutume de cet animal des plus farouches, se lança furieusement au milieu des bataillons, les forçant malgré toute la résistance que lui firent les rangs multipliés de tant de soldats joints et serrés les uns contre les autres. Ce fait il se promena trois fois sans s'étonner au dedans de ces bataillons, et bien qu'il n'y eut pas un soldat qui n'essayât de se signaler en le faisant mourir, il ne peut être offensé aucun. Lors échappé de tant de morts il se jette entre les jambes de sa majesté, qui selon sa dextérité laquelle ne se laissa jamais surprendre, lui lâche un seul coup du bâton, dont il faisait les commandements, si à propos qu'il l'étendit mort sur place.

Source : Gazette de France de janvier 1632


mardi 5 mars 2013

Bataille d'Avins, 20 mai 1635



Entre Rochefort & Saint-Hubert, l’armée du Roy a fait rencontre de celle du Prince Thomas, qui voulait s’opposer au passage ; ainsi il y a eu combat, auquel le régiment du colonel Laderon espagnol, & celui du comte Frezin, composés de 3 000 hommes chacun, ont été défait entièrement, ledit colonel Laderon tué.
Outre ces deux régiments, les élus du pays de Luxembourg, qui étaient 2 000, ont aussi été défaits. La cavalerie qui était de 2 000 chevaux, dont le régiment du comte Buquoy faisait moitié, a été défaite pour la plupart, & le reste s’est sauvé devers Namur : le comte Villierval, lieutenant colonel dudit comte de Buquoy, a été tué sur la place.
Tout le canon & munition de ladite armée du prince Thomas, est demeuré à l’armée du Roy.
(Relation de ce qui s’est passé entre l’armée du Roy & celle du prince Thomas, ainsi que l’on tient de lieu très-assuré).

Les ennemis ayant pris un poste fort avantageux pour s’opposer au passage de mon armée, se sont présentés en bataille devant elle. Ils ont été chargés avec tant de vigueur & de bon succès, que l’honneur & la victoire en sont demeurés à mes armes. Quarante-cinq cornettes de cavaleries et 120 enseignes de gens de pied, choisies dans leurs meilleures & plus vieilles troupes, commandées par leurs plus renommés capitaines, y ont été défaites, & ont laissé sur la place plus de 6 000 morts, 1 500 blessés, & 7 à 800 prisonniers. Entre lesquels sont reconnus le comte de Feira gouverneur de la citadelle d’Anvers, qui faisait la charge de Lieutenant-général de leur armée sous le prince Thomas qui la commandait, don Alonzo Ladron mestre de camp du premier régiment espagnol, Sfondrate mestre de camp italien, le comte de Villerval, & plusieurs autres officiers. Seize pièces de canon, tout leur attirail & munitions y sont demeurés. Cette victoire m’est d’autant plus heureuse, qu’il n’y est mort des miens qu’un capitaine d’infanterie du régiment de la Meilleraye, un lieutenant de celui de Champagne, & moins de cent soldats. 
(Lettre du Roy au Cardinal de la Valette, du 28 mai 1635).